Salut Marion, peux-tu nous présenter ton parcours, ce que tu fais aujourd’hui et ton lien naturel avec le basket ?
Hello, merci à toi Damien et à toute l’équipe de Dr Clutch pour cette interview ! C’est toujours un plaisir de parler basket féminin! Je m’appelle Marion Deborde, j’ai 23 ans, je suis originaire de Lyon. J’ai commencé le basket dès le plus jeune âge en baby basket et depuis je n’ai jamais quitté ce sport. Pour faire simple, je suis notamment passée par le club de Gerland Mouche à Lyon, par le Pôle Espoir du Lyonnais. J’ai également eu la chance de tomber sur des générations dorées aussi bien en 96 qu’en 97 avec les sélections du Lyonnais. Ensuite, j’ai rejoint le Pays Voironnais Basket Club pendant 7 ans et maintenant depuis 2 ans je joue au SMUC à Marseille en NF2. En dehors du basket, je suis responsable communication marketing en alternance dans une startup à Marseille. Cette année, concernant mes études, j’ai décidé de me spécialiser dans le domaine sportif car j’avais l’ambition de créer Or-jeu et d’intégrer encore plus ce secteur. J’ai eu la chance auparavant d’intégrer les services communication marketing évènementiel de certains clubs (PVBC et SMUC) et donc d’accroître mes compétences. Enfin pour finir cette présentation, je suis la créatrice et présidente d’Or-jeu: un média dédié à la médiatisation du basket féminin à travers des thèmes peu ou pas abordés.
Peux-tu nous présenter Or-Jeu, l’année de création, des éventuelles anecdotes, mais aussi les ambitions et objectifs du site internet ?
Or-jeu est né d’un besoin personnel et sans doute sociétal à mon sens. En réalisant mon mémoire de recherche l’année dernière sur la médiatisation du sport féminin je me suis rendu compte qu’il n’existait pas ou peu de médias s’intéressant à des sujets de société dans le basket féminin. Beaucoup abordent les résultats des week-ends, le mercato, les performances mais personne n’ose prendre la parole sur des sujets «compliqués» comme le sexisme ou l’homosexualité. De ce fait, je me suis demandé ce que je pouvais faire à mon échelle pour contribuer à ma manière à la médiatisation du basket féminin en France. J’avais l’occasion de réaliser quelque chose avec mes valeurs sur des thématiques fortes tout en pouvant accroitre des compétences. Je me suis lancée et nous allons bientôt fêter les un an d’Or-jeu en juillet.
Partons d’une actualité positive : la draft exceptionnelle d’Iliana Rupert, draftée au premier tour en WNBA qui a mon sens a plutôt bien été relayée par les médias sportifs et généralistes (l’exemple de Clique sur Canal et l’interview d’Iliana), mais comment juges-tu globalement la médiatisation, la visibilité du basket féminin ?
La draft exceptionnelle d’Iliana est une actualité forte et positive, facile à mettre en évidence par les médias. Il est plus simple d’aborder des faits concernant les palmarès/réussites que des faits de société où il faut prendre position. Alors oui, c’est une très bonne chose mais la médiatisation s’articule-t-elle uniquement autour des faits positifs? Cette mise en avant est-elle suffisante ? Personnellement, je ne pense pas. En plus de cela, même les plus belles victoires du basket féminin ne sont pas relayées à leur juste valeur. En rédigeant ces mots, je pense à la victoire de Basket Landes lors de la finale du championnat de Ligue féminine. On retrouve l’information à la 29ème page du magazine l’Equipe. Est-ce normal ?
Tu le rappelles parfaitement au sein d’un article sur Or-Jeu.fr le basket féminin: c’est davantage de palmarès au rang européen et olympique que le basket masculin, c’est également des réussites en club, des stars, des identités de jeu propres et pourtant, le stéréotype du « c’est pas assez spectaculaire, car il n’y a pas de dunk » continue encore aujourd’hui… Une question simple, comment penses tu que nous arriverons ensemble à changer ces mentalités ?
Tout d’abord, je pense que la nouvelle génération est plus ouverte d’esprit, moins centrée sur le masculin et plus à même d’intégrer le basket féminin sous toutes ses formes (le défendre, en parler, le regarder…). Ensuite, il faudra du temps, des performances, des porte-paroles, des joueuses et coachs investis dans cette médiatisation. Nous pouvons toutes et tous jouer un rôle mais il ne faut pas non plus être dans l’obsession de vouloir changer les mentalités mais plutôt avoir envie de réaliser des choses pour donner envie.
La crise sanitaire met à mal le sport français et bien évidemment le basket, en grande partie le milieu amateur et semi-pro avec l’arrêt des compétitions – Mais quel impact réel a eu et aura ces nombreux arrêts sûr le basket féminin ?
C’est compliqué de répondre à cette question, je suis loin d’être une spécialiste et je ne pense pas encore avoir le recul sur la situation. Ceci étant, je pense que la crise sanitaire a engendré pas mal de complications financières pour les clubs, je pense notamment aux clubs de NF1 qui ont des joueuses avec des contrats importants. Je pense aux régions, aux mairies mais aussi aux partenaires… C’est difficile de devoir tout mettre entre parenthèses, de ne pas savoir de quoi demain sera fait et si tout le monde pourra revenir fêter le basket féminin dans sa ville. Ensuite, il y a l’enjeu sportif qui est carrément en pause, la passion, l’adrénaline et la communion entre des personnes partageant les mêmes valeurs. Enfin, je pense que le plus gros point positif de la crise sanitaire est la prise de conscience de l’importance du digital pour la transmission des matchs, pour garder le contact avec les supporters mais aussi pour sublimer les partenaires.
Quel genre de joueuse étais-tu, en terme de poste, de rôle sur le parquet, l’attitude que tu renvoyais également auprès de tes coéquipières ?
Je suis une créatrice qui aime faire de belles passes à mes coéquipières. Je pense être une joueuse qui ne lâche rien et qui joue avec son cœur pour son équipe, son club et les personnes présentes dans les tribunes. Je pense aussi être quelqu’un de facile à vivre, d’assez rigolote et qui aime détendre l’atmosphère et faire en sorte que mon entourage se sente à l’aise.
Es-tu une joueuse clutch ?
Non pas du tout, je préfère faire briller les autres.
En temps que joueuse, tu as vu un changement en termes de jeu et de développement (athlétiques, mentales) des basketteuses féminines ?
Oui incontestablement, aujourd’hui les joueuses doivent être fortes techniquement, mentalement mais aussi physiquement. La prise en compte de l’entrainement sportif devient plus globale avec des séances touchant aussi des domaines moins sollicités auparavant (préparation mentale, réactivité, séances vidéo…). Aujourd’hui le jeu est décortiqué, au cas par cas, aussi bien individuellement que collectivement. Chaque équipe connait les forces et faiblesses de l’équipe adverse et c’est un des changements forts depuis quelques années. La charge de travail aussi est incontestable.
Pour finir, as-tu des projets en cours que tu aimerais partager à Dr. Clutch, ou bien des envies futures ?
Rien d’exclusif mais évidemment je suis en pleine réflexion sur des projets, notamment sur la préparation du Tome 2 d’Or-jeu en version papier. Ensuite, j’aimerais bien développer le basket féminin sous d’autres formes tout en gardant ma ligne éditoriale notamment avec d’autres passionnés comme Delly.