Salut Melissa, peux-tu te présenter, dire ce que tu faisais avant et maintenant à la communauté Dr. Clutch ?
Je m’appelle Mélissa Micaletto, j’ai 31 ans et j’ai arrêté le basket professionnel il y a 2 ans. J’ai joué en 1ère et 2ème division et j’avais envie d’amorcer ma reconversion dans la préparation mentale. Aujourd’hui, j’ai ouvert mes activités un peu dans le même esprit que Dr. Clutch en lançant Basketball Impulsion, une formation en ligne pour basketteur. Je la considère un peu comme avant-gardiste, car c’est quelque chose de normal aux USA, mais pas encore en France. On était 2 à la base et puis aujourd’hui, je me suis recentré uniquement sur la préparation mentale, donc j’accompagne les jeunes joueurs à aller du niveau amateur à celui de pro. Je suis une sorte de mentor et j’utilise mes outils de la préparation mentale comme un couteau suisse à disposition de ces jeunes-là, de 13 à 23 ans principalement, et aujourd’hui, je suis aussi en contact avec des arbitres et des entraîneurs.
Pourquoi la préparation mentale ? Ça aide vraiment un basketteur à mieux performer ?
C’est une grande question . On a besoin de travailler cet aspect en dehors du terrain, aujourd’hui on parle de préparation mentale de partout que ça soit dans le sport ou pour un job, car on fait face à des objectifs, la pression, nos peurs. Du coup, mon but, c’est de vulgariser la préparation mentale. La préparation physique d’il y a 10 ans, c’est pour moi la préparation mentale d’aujourd’hui. Je vois encore beaucoup de réticence, car beaucoup de staffs pros évitent que trop de personnes extérieures viennent perturber le joueur. L’objectif de la préparation mentale, c’est d’amener une plus-value pour le basketteur. Mon but dans 10 ans, c’est de voir une différence entre les joueurs qui ont travaillé mentalement et ceux qui ne l’ont pas fait. Dans la performance, la limite de potentiel qu’on croyait possible de faire, mais on est très en retard dans la préparation mentale par rapport aux pays anglo-saxons notamment sur le stress, qu’est-ce qu’il bloque, nous limite et prendre ce recul avec quelqu’un.
Sans dévoiler tes méthodes, car chaque personne est différente, quels sont tes tips, tes conseils, comment abordes-tu le joueur ?
C’est un vrai parcours, parce que le préparateur mental se développe en même temps qu’il développe les joueurs. J’aime les accompagner individuellement et en profondeur. J’ai fait le choix de travailler sur la durée et leur faire partager un moment de vie, ça doit certainement faire écho à ma carrière de joueuse. Ma façon de faire est très individualisée, je me suis formée au coaching d’émergence, donc un coaching de l’instant. Le joueur arrive avec une problématique dans la semaine, par exemple des doutes aux lancers francs ou des situations très précises auxquelles je peux amener des outils comme la cohérence cardiaque, des exercices de respiration ou de la méditation. Je suis partisane que tout est matière à travailler, c’est-à-dire rendre l’invisible visible, ce sont les choses dont on n’a pas conscience qui peuvent faire le plus progresser. Mon job c’est de te questionner, de te faire prendre du recul pour que tu aies une vision sur ta problématique et que tu puisses prendre de nouveaux choix pour débloquer des situations.
Comment arriver à avoir confiance en soi, à garder sa concentration et sa réflexion malgré toute l’intensité du match, la pression, les courses incessantes au basket ? Cela doit être une étape dure à gérer pour un basketteur.
C’est là où c’est intéressant de travailler ces situations avec un préparateur mental. On subit un tas de choses émotionnellement, par exemple, tu fais une mauvaise passe et je reste sur cette mauvaise passe pendant les 4 actions qui suivent. Le problème ici, c’est que tu n’as pas conscientisé que t’es en train de rejouer cette scène alors qu’il y a des nouvelles actions qui sont en train de se jouer. Et j’ai besoin d’avoir toute mon attention sur la nouvelle action qui est en train de se dérouler. Il y a aussi souvent la dialectique de « je performe à l’entraînement et je sous performe en match » , bien sûr il n’y a pas de méthode magique. Il faut creuser, qu’est-ce qui fait que tu sous-performes en match et quels sont les éléments qui viennent interférer ? Souvent le problème, c’est qu’on ne s’entraîne pas forcément dans les conditions de match, Michael Jordan par exemple s’amusait à se mettre des flash dans les yeux avant de tirer des lancers-francs. C’est typiquement un exemple de préparation mentale, le fait de simuler une situation de match. J’ai pour habitude de dire que tu dois t’entraîner plus dur que le jour du match, sortir de ta zone de confort. C’est à l’entraînement qu’on doit rater beaucoup plus qu’en match, on n’est pas là pour se conforter dans cette performance.
Dans la préparation mentale, est ce qu’il y a le besoin de se constituer de modèles pour faire progresser le joueur ?
Il y a toujours des gens en avance sur nous, c’est une réalité, on n’est pas infaillible et le but c’est d’apprendre à modéliser avec ses inspirations pour trouver la façon de rentrer en contact avec ces modèles. Quand on est joueur on a besoin d’avoir un système d’inspiration extérieur pour pouvoir accrocher le wagon et aller plus loin que ce qu’on pense pouvoir faire. Et j’ai besoin de ces modèles d’inspiration pour me dire « ok qu’est-ce qu’elles/ils font différemment que je ne suis pas en train de faire aujourd’hui et qui m’éloigne de mes ambitions » ? Je vais chercher toutes les informations qui peuvent m’aider à progresser, apprendre à rêver ça se travaille.
Quand tu étais joueuse, ta coéquipière drive vers le cercle et t’oublies alors que tu es seule dans le corner, ta réaction : tu rumines et tu reviens pas en défense pas ou tu arrivais à oublier ?
Ça a évolué avec le temps, j’ai vécu les 2 situations. Plus jeune, j’étais du genre à ruminer, être énervée et faire moins d’effort au repli. Puis avec l’expérience, j’ai su switcher sur ce type d’action. Une erreur d’une coéquipière, tu peux la faire aussi, donc il faut prendre ça en considération. Les meilleures équipes que j’ai côtoyées sont justement celles où il y avait le plus de tolérance et de solidarité, pour effectuer le repli et compenser. Par contre, la tolérance a ses limites. S’il y a trop de répétitions ou d’erreurs, il faut avoir l’exigence de corriger les choses, mais ça, on l’analyse avec la maturité .
Quel est le plus dur à gérer, rater un buzzer beater pour la win ou être en sous-performance pendant 1 ou 2 mois ?
Mon avis a beaucoup évolué entre mes 18 ans et 30 ans, de mon point de vue, sur un tir, on ne peut pas faire perdre son équipe . Si tu as un tir de la gagne, c’est que tu as bossé dur et il faut très vite passer très vite à haute chose. J’ai eu l’opportunité d’être une joueuse dominante, j’ai eu des buzzer beaters réussis, d’autres ratés. il faut apprendre à prendre cette responsabilité. Pour ma part, la plus dure, c’est la deuxième situation. Tu es dans un trou noir et la sous performance t’oblige à te poser beaucoup de questions, à changer tes habitudes, peut être même ta mécanique de shoot et changer ta façon d’appréhender les choses. Il faut expliquer la démarche à tes entraîneurs et tes coéquipiers.
Tu avais un modèle, un.e joueur.euse qui t’a fait te dire : « j’ai envie que mon jeu ressemble à ça » ?
Bien sûr, c’est ce qui te nourrit ta passion pour le jeu. Très jeune on n’avait pas accès à beaucoup de highlights, alors qu’aujourd’hui, c’est plus simple de pouvoir accéder à ça et de s’en inspirer. Vers mes 10 ans, je me rappelle avoir Sue Bird en fond d’écran sur mon ordinateur. Il y a Diana Taurasi et Jason Williams car j’ai toujours aimé les joueurs audacieux. Bien sûr, il y a Tony Parker qui m’a fortement marqué, je me rappelle avoir eu l’opportunité de le rencontrer lors d’un camp basket à Strasbourg. Il avait été hyper cool lors de notre rencontre, et aujourd’hui je le suis dans son parcours d’entrepreneur. Je trouve qu’il y a des points communs avec ma vie de basketteuse entrepreneuse et ça me correspond totalement. Enfin, il y a Sarunas Jasikevicius, j’adorais voir sa détermination en tant que joueur et maintenant comme coach. Il a une hargne et on sent qu’il ne trichait pas. je pourrais le voir pendant des heures et j’essayais de m’inspirer de tous ces joueurs et joueuses.
Quels seraient tes conseils aux basketteurs.euses qui veulent se lancer dans le coaching mental ?
Ma petite expérience de 2 ans me fait dire que l’on est avant tout là pour l’accompagnement et le développement du sportif. Même s’ il y a des formations spécifiques, il faut apprendre par soi même, toujours rechercher de nouvelles ressources. Mon premier conseil c’est d’avoir un attrait pour la préparation mentale, être tout le temps curieux. Il faut apprendre sur soi-même, remettre en question ta pratique, se développer, afin de croiser les visions et affiner sa propre méthode. Le but c’est d’acquérir une posture qui génère une confiance pour le joueur afin qu’il puisse progresser.
As-tu des projets pour la suite que tu souhaites partager à Dr. Clutch?
Mon envie est de continuer à développer la préparation mentale en France. Aujourd’hui, j’ai deux volets: accompagner les sportifs et aussi les entrepreneurs. A la fois sur la partie état d’esprit, les lancements d’activité mais aussi communiquer avec son style et être créatif dans ces offres. Je suis petit à petit en train de basculer mes activités dans l’accompagnement pour entrepreneur sans pour autant délaisser l’accompagnement sportif. J’ai un choix douloureux à faire, concentrer mon activité sur le marché porteur qu’est l’accompagnement d’entrepreneur, ou bien continuer à porter ma contribution à la préparation mentale des sportifs en France car elle se développe. Sans langue de bois, cela prend du temps comme une carrière de sportif, je commence à avoir des contacts vraiment intéressants pour développer mon activité et aller encore plus loin.
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